Les complications physiques de l’avortement varient selon le stade de la grossesse et le type d’avortement. En général, le risque de complications augmente avec l’âge gestationnel après huit semaines[1]. Certaines complications se manifestent pendant les premières heures après l’avortement, alors que d’autres peuvent prendre des jours, des semaines et même des années à se manifester. Les statistiques sur les complications faisant suite à l’avortement sont incohérentes et incomplètes; elles s’intéressent surtout aux complications à court terme, alors que les répercussions ultérieures sur la santé physique et psychologique sont négligées[2].

 

Risques à court terme pour la santé

  •             Hématométrie aiguë (syndrome post-abortum)
  •             Rétention de produits de la conception (tissus fœtaux et placentaires restants)
  •             Endométrite (infection de la paroi interne de l’utérus)
  •             Perforations et lacérations de l’utérus
  •             Hémorragies
  •             Coagulation intravasculaire disséminée (CIVD)
  •             Lacérations et blessures au col de l’utérus
  •             Troubles gastro-intestinaux (nausées, vomissements, diarrhées)
  •             Convulsions
  •             Intoxication saline (intoxication par le sel, hypernatrémie)
  •             Rupture de l’utérus
  •             Embolie
  •             Réactions aux anesthésiques

Atteinte inflammatoire pelvienne (AIP)

Décès

 

Risques à long terme pour la santé

 

            Cancer du sein

            Infertilité

 

Risques pour les grossesses futures

 

            Naissance avant terme (naissance prématurée)

            Placenta Praevia

            Sensibilisation au Rh

            Grossesse ectopique

  

Risques à court terme pour la santé

 

Hématométrie aiguë (syndrome post-abortum)

 

Une hématométrie aiguë se produit lorsque l’utérus se remplit de sang et de caillots, généralement parce que des tissus sont restés dans l’utérus. Les symptômes apparaissent d’ordinaire pendant l’heure qui suit l’avortement et comprennent des crampes au bas-ventre et un utérus hypertrophié et douloureux à la pression. Si des morceaux de fœtus ou des tissus placentaires demeurent dans l’utérus, celui-ci ne se contracte pas efficacement, ce qui entraîne des hémorragies aiguës dans l’utérus. La femme doit alors subir une autre intervention pour nettoyer complètement l’utérus, et elle a besoin de médicaments pour aider l’utérus à se contracter[3],[4],[5].

 

Rétention de produits de la conception (tissus fœtaux et placentaires restants)

 

La rétention de tissus est le résultat d’un avortement incomplet. Elle peut causer des hémorragies excessives et prolongées. Une complication ultérieure qui met la vie en danger est l’infection septique de l’endomètre[6],[7],[8].

 

Endométrite (infection de la paroi interne de l’utérus)

 

L’endométrite est une infection de la paroi interne de l’utérus. Elle fait généralement suite à la rétention de tissus. Elle peut provoquer le syndrome du choc toxique, lequel peut être fatal. Les décès par suite du syndrome du choc toxique ont été attribués à la bactérie clostridium sordellii après des avortements médicaux. Une Canadienne est morte de cette affection en 2001 pendant des essais cliniques liés à un avortement médical pratiqué à l’aide des médicaments mifépristone (RU 486) et misoprostol. On a cessé les essais, et le mifépristone n’est pas approuvé pour les avortements médicaux au Canada[9],[10],[11],[12].

 

Perforations et lacérations de l’utérus

 

Les perforations de l’utérus sont très courantes dans les avortements chirurgicaux. Comme le dit un avorteur : « Les perforations de l’utérus sont un fait inévitable si quelqu’un pratique assez d’avortements ou de procédures de dilatation et curetage, quel qu’en soit le genre[13]. » [traduction] Des perforations peuvent être causées par l’usage de tiges de dilatation rigides, de curettes coupantes, de cathéters d’aspiration, de forceps, ou par les fragments d’os du fœtus. Lorsque les vaisseaux sanguins de l’utérus sont rompus, cela entraîne une hémorragie qui peut mettre la vie en danger. Si les instruments utilisés pour l’avortement entrent dans la cavité abdominale, cela peut causer des blessures à beaucoup d’organes entourant l’utérus. L’avortement par succion peut provoquer l’aspiration d’un segment d’intestin dans l’utérus, qui serait stérile par ailleurs. Des dommages à l’intestin ou à d’autres organes pelviens peuvent causer immédiatement une hémorragie et une infection septique potentiellement mortelles. L’hystérectomie (ablation de l’utérus) peut être nécessaire pour sauver la vie de la femme, ce qui la laisse infertile pour toujours. Dans certains cas, une intervention chirurgicale pour réparer l’intestin ou d’autres organes peut être nécessaire[14],[15].

 

Hémorragie

 

L’hémorragie, ou saignement abondant, est l’une des répercussions les plus courantes de l’avortement. Des saignements abondants et prolongés font suite à l’avortement médical et peuvent être provoqués par un avortement incomplet ou par l’absence de contractions de l’utérus après l’avortement.[16],[17],[18],[19].

 

Les hémorragies faisant suite à l’avortement chirurgical sont souvent causées par des blessures au col ou à l’utérus, la rétention de tissus ou l’absence de contractions de l’utérus[20],[21].

 

Dans les avortements pratiqués à un stade plus avancé ou par solution saline, le risque d’une complication potentiellement mortelle appelée coagulation intravasculaire disséminée (CIVD), accompagnant l’hémorragie, est augmenté[22],[23],[24].

 

Coagulation intravasculaire disséminée (CID)

 

La CIVD entraîne la formation de nombreux caillots de sang dans les menus vaisseaux sanguins périphériques de tout l’organisme, privant les tissus de nourriture et causant finalement leur nécrose. L’épuisement des facteurs de coagulation entraîne alors des hémorragies massives dans tout l’organisme[25].

 

Lacérations et blessures au col de l’utérus

 

Des blessures cervicales peuvent être causées par l’ouverture énergique et forcée du col de l’utérus à l’aide de dilatateurs rigides et de préparations de laminaire. Les clamps et les instruments chirurgicaux utilisés pendant l’avortement, ainsi que les fragments d’os du fœtus, peuvent également blesser le col[26]. Des perforations au bas du col peuvent endommager l’artère utérine et causer de graves hémorragies et la mort[27].

 

Une blessure au col peut aussi entraîner la béance cervico-isthmique, c’est-à-dire que le col est anormalement porté à se dilater avant la date normale d’accouchement, ce qui est un facteur de risque d’accouchement prématuré. Le risque d’accouchement prématuré pendant les grossesses ultérieures augmente avec le nombre d’avortements[28].

 

Troubles gastro-intestinaux (nausées, vomissements, diarrhées)

 

Les nausées, les vomissements et les diarrhées peuvent faire suite à l’avortement, particulièrement dans le cas des avortements médicaux pratiqués à l’aide de prostaglandines ou des avortements où on utilise l’oxytocine pour aider l’utérus à se contracter[29],[30].

Convulsions

 

Les convulsions peuvent être causées par une véritable crise d’épilepsie, une réaction aux anesthésiques ou une manifestation hystérique[31].

 

Intoxication saline (intoxication par le sel, hypernatrémie)

 

L’hypernatrémie peut se produire dans les avortements par solution saline, lorsque cette solution est injectée dans l’organisme de la mère plutôt que dans le fœtus ou la cavité amniotique. L’hypernatrémie se manifeste rapidement et, quand elle atteint un degré élevé, est toxique pour le cerveau[32],[33]. En fait, l’avortement par solution saline est tombé en défaveur à cause de ce risque[34].

 

Rupture de l’utérus

 

Une rupture de l’utérus peut faire suite à l’utilisation de l’oxytocine, ou du misoprostol lorsqu’on l’emploie pour stimuler les contractions utérines. Une intervention chirurgicale, et parfois l’ablation de l’utérus, est nécessaire pour arrêter l’hémorragie[35],[36].

 

Embolie

 

Une embolie est l’obstruction subite d’une artère par un corps étranger tel qu’un caillot de sang, une gouttelette de gras, une bulle d’air ou un morceau de tissu. À moins que l’obstruction ne soit rapidement enlevée, les tissus en aval sont atteints de nécrose[37]. L’avortement peut entraîner une embolie de liquide amniotique et d’air[38],[39].

 

Réactions aux anesthésiques

 

Des décès ont eu lieu à la suite d’anesthésies, tant locales que générales, pendant les avortements[40],[41]. L’anesthésie générale est pratiquée moins souvent que l’anesthésie locale[42], mais les deux comportent des risques.

 

Atteinte inflammatoire pelvienne (AIP)

 

L’apparition d’une infection pelvienne après l’avortement en est l’un des effets secondaires les plus courants. L’AIP entraîne des risques à long terme de douleurs pelviennes chroniques, de dyspareunie (douleurs pendant les relations sexuelles), de diminution de la fertilité et de grossesse ectopique[43],[44].

 

Décès

 

Un nombre faible mais constant de mères meurent à la suite d’avortements, quoique le nombre déclaré soit probablement inférieur à la réalité. La plupart des décès sont causés par des hémorragies, des infections, des embolies ou une myocardiopathie. Les complications faisant suite à une anesthésie générale sont également une cause de décès des mères à la suite d’avortements[45].

 

Le taux de mortalité des mères pendant les 12 mois suivant un avortement est quatre fois plus grand que le taux de décès des femmes après une grossesse menée à terme, selon une étude finlandaise réalisée en 1997[46].

 

Risques à long terme pour la santé

 

Cancer du sein

 

Il est bien connu que des facteurs hormonaux, y compris les oestrogènes, sont liés à un risque accru de cancer du sein. Des groupes d’action contre le cancer tels que la Société canadienne du cancer le reconnaissent aussi en mentionnant plusieurs facteurs de risque liés à des niveaux d’oestrogènes plus élevés. Parmi les « causes du cancer du sein » énumérées sur son site Web (www.cancer.ca), on trouve les suivantes : n’avoir jamais eu d’enfant ou avoir donné naissance à son premier enfant après 30 ans; avoir eu ses premières menstruations à un âge précoce; avoir atteint la ménopause à un âge avancé, avoir suivi une hormonothérapie substitutive, et prendre des contraceptifs oraux. Tous ces facteurs de risque comportent des niveaux d’oestrogènes accrus.

 

Les avortements provoqués augmentent les niveaux d’oestrogènes des femmes de deux manières essentielles. L’avortement prive les femmes de l’effet protecteur d’une grossesse menée à terme et de l’allaitement, qui régularise les oestrogènes; ce fait est incontesté. Les niveaux d’oestrogènes de la femme sont encore plus élevés si elle subit un avortement sans avoir jamais mené une grossesse à terme, car cette situation expose les cellules mammaires immatures, qui se divisent rapidement, à des quantités massives d’oestrogènes. Évidemment, les avortements sont pratiqués lorsque les femmes sont déjà enceintes. Peu après la conception, les niveaux d’oestrogènes augmentent fortement, ce qui provoque une multiplication rapide des cellules mammaires. Lorsque la multiplication des cellules est si abondante, des erreurs ou des mutations plus nombreuses peuvent se produire et créer des cellules anormales. Sous l’influence des oestrogènes, les cellules anormales se multiplient également, ce qui peut amener la formation d’un cancer. Les oestrogènes peuvent aussi attaquer directement l’ADN et causer ainsi la formation et la multiplication d’autres cellules anormales. Vers la fin de la grossesse, d’autres hormones entrent en jeu : non seulement elles amènent à maturation la plupart des cellules mammaires, qui deviennent productrices de lait et sont à l’abri des effets nocifs des oestrogènes, mais elles aident aussi à réparer les dommages qui peuvent avoir été causés par l’influence des oestrogènes. Lorsqu’un avortement provoqué interrompt le processus normal de protection hormonale qui assure la maturation progressive des cellules et leur réparation, les cellules mammaires plus immatures, qui se divisent rapidement, sont exposées aux effets des oestrogènes. Il faut remarquer que l’avortement spontané (fausse couche) se produit généralement lorsque les niveaux d’hormones de grossesse, y compris les oestrogènes, sont faibles, et il n’augmente donc pas le risque de cancer du sein.

 

Les données biologiques montrent que les oestrogènes, sans les effets compensateurs des autres hormones de grossesse, sont un facteur de risque accru de cancer du sein. L’avortement provoqué augmente le niveau total d’oestrogènes de la femme, ce qui aggrave finalement le risque de cancer du sein.

 

Depuis 1957, et aussi récemment qu’à l’automne 2007 dans le Journal of American Physicians and Surgeons, plus de 50 études publiées dans des revues médicales savantes ont montré que le risque de cancer du sein était accru chez les femmes qui ont subi des avortements provoqués.

 

De plus, trois poursuites pour faute professionnelle médicale intentées depuis 2002 en raison du défaut de mettre les femmes en garde contre le lien entre l’avortement et le cancer du sein ont abouti à deux règlements hors cour et à un jugement du tribunal, tous en faveur des femmes qui avaient subi des avortements et qui ont intenté les poursuites.

 

Pour de plus amples renseignements sur l’avortement et le cancer du sein, avec des références, voir www.abortionbreastcancer.ca.

 

Infertilité

 

L’avortement provoqué peut être un facteur qui contribue à l’infertilité future, car des symptômes apparaissent souvent des années après l’avortement lorsque la femme tente de concevoir un enfant. Les complications qui amoindrissent la fertilité future sont notamment l’atteinte inflammatoire pelvienne (AIP) après l’avortement, les perforations de l’utérus causant la formation de tissus cicatriciels, les adhérences utérines et les fragments de fœtus non enlevés ainsi que l’ossification de l’endomètre. Les femmes dont la première grossesse se termine par un avortement sont particulièrement exposées à des problèmes de fertilité ultérieurs[47].

 

Risques pour les grossesses futures

 

Naissance avant terme (naissance prématurée)

 

On a constaté que l’avortement provoqué faisait augmenter les naissances prématurées (avant 33 semaines de gestation) et très prématurées (de 20 à 30 semaines de gestation) pendant les grossesses subséquentes. Le risque augmente dans le cas d’avortements multiples. L’avortement peut causer des blessures au col de l’utérus entraînant la béance cervico-isthmique, qui est un facteur de risque de naissance prématurée. L’avortement est aussi associé à la cicatrisation, aux adhérences et aux infections de l’utérus, qui font augmenter par contrecoup le risque de naissance prématurée. La naissance prématurée est un important facteur de risque d’infirmité motrice cérébrale[48],[49].

 

Placenta Praevia

 

L’avortement est associé au placenta praevia dans les grossesses ultérieures[50]. Le placenta se fixe très bas dans l’utérus, couvrant partiellement l’ouverture du col. Le placenta praevia augmente le risque d’hémorragies pendant la grossesse et le travail, et peut entraîner le détachement prématuré du placenta, des hémorragies graves et la mort du foetus[51].

 

Sensibilisation au Rh

 

Quand une mère ayant un Rh négatif et portant un fœtus qui a un Rh positif accouche de l’enfant ou subit un avortement, elle peut devenir sensibilisée aux antigènes Rh. Les antigènes Rh du fœtus entrent dans la circulation sanguine de la mère, provoquant chez elle la formation d’antigènes anti-Rh. Pendant les grossesses ultérieures où le fœtus a un Rh positif, ceux-ci peuvent passer par le placenta et atteindre le fœtus, provoquant l’agglutination de ses globules rouges et causant des lésions nerveuses et cérébrales. La sensibilisation peut aussi entraîner de graves conséquences pour la mère par suite de l’agglutination du sang, si elle reçoit une transfusion sanguine avec facteur Rh positif.

 

La sensibilisation au Rh est évitable pendant l’accouchement et l’avortement grâce à l’immunisation de la mère après sa délivrance[52],[53].

 

Grossesse ectopique

 

Il est démontré que l’avortement est un facteur de risque de grossesse ectopique ultérieure.

 

 

Effets psychologiques de l’avortement

 

Les femmes qui ont subi un avortement provoqué ont plus de chances d’éprouver des problèmes de santé mentale. Ces problèmes peuvent aller de la dépression légère à de graves troubles d’anxiété. Lors d’une étude menée en Nouvelle-Zélande en 2006, on a constaté que, « pour toutes les comparaisons, les femmes enceintes qui ont obtenu des avortements présentaient des taux de troubles significativement plus élevés que les femmes non enceintes et, à l’exception du trouble d’anxiété, des taux de troubles significativement plus élevés que le groupe des femmes non enceintes[54]. » [traduction] Les chercheurs ont conclu que « l’avortement est un événement traumatisant de la vie qui augmente la vulnérabilité à long terme aux troubles mentaux courants »[55]. [traduction]

 

Comparativement aux femmes qui ont mené leur grossesse à terme, les femmes qui ont subi un avortement présentent aussi des taux significativement plus élevés d’admission à l’hôpital pour des raisons psychiatriques[56]. Dans une étude menée en 2003 et parrainée par l’Ordre des médecins et chirurgiens de l’Ontario, il a été constaté que les femmes qui avaient subi un avortement provoqué présentaient un taux d’admission à l’hôpital pour des raisons psychiatriques dans les trois mois suivants cinq fois plus élevé que les femmes qui n’avaient pas subi un avortement provoqué[57].

 

Les femmes ayant des antécédents de mauvais traitements ou de problèmes mentaux ainsi que les femmes privées de soutien, les femmes tiraillées entre des systèmes de valeurs contraires et les adolescentes risquent encore davantage d’éprouver des problèmes psychologiques à la suite d’un avortement. Les chercheurs ont également constaté que les femmes qui sont poussées à subir un avortement ou contraintes de le faire sont également « susceptibles d’éprouver une plus grande détresse concernant la décision ainsi que de la culpabilité, de l’anxiété et de la dépression »[58]. [traduction]

 

Les problèmes de santé psychologique courants liés à l’avortement provoqué sont notamment les suivants :

 

Anxiété

Dépression

Abus de drogues

Trouble de stress post-traumatique

Dysfonction sexuelle

Problèmes de sommeil

Idées suicidaires

 

Les femmes qui ont subi un avortement ont aussi tendance à fumer davantage, à abuser des boissons alcooliques, à connaître des troubles d’alimentation, à maltraiter ou à négliger les enfants nés par la suite et à éprouver des problèmes relationnels[59].

 

Anxiété

 

Les femmes qui subissent un avortement présentent des niveaux d’anxiété généralisée plus élevés que les femmes qui mènent leur grossesse à terme[60].

 

Dépression

 

Lors d’une étude longitudinale nationale sur les jeunes menée aux États-Unis, il a été constaté que « les femmes qui ont déclaré avoir subi un avortement provoqué avaient 65 % plus de chances de se classer dans le groupe à risque élevé de dépression clinique que les femmes dont la grossesse a abouti à une naissance »[61]. [traduction] La Planned Parenthood Federation of America rapporte qu’environ 20 % des femmes qui ont eu un avortement subissent une forme de dépression légère, alors que 10 % des femmes qui ont eu un avortement connaissent une dépression persistante[62].

 

Abus de drogues

 

Un lien a été établi entre l’avortement provoqué et des taux plus élevés de toxicomanie, particulièrement chez les jeunes femmes. Une étude menée en Nouvelle-Zélande en 2006 par David Fergusson a montré que les jeunes femmes qui avaient eu un avortement présentaient un taux de dépendance aux drogues significativement plus élevé que les jeunes femmes qui n’avaient jamais été enceintes et les jeunes femmes qui avaient mené leur grossesse à terme[63]. Une étude publiée en 2004 dans l’American Journal of Drug and Alcohol Abuse a montré que les femmes qui avaient eu un avortement déclaraient consommer de la marijuana deux fois plus souvent que les femmes qui avaient mené leur grossesse à terme[64].

 

Trouble de stress post-traumatique

 

Selon l’Association canadienne pour la santé mentale, environ une personne sur 10 est atteinte d’un trouble d’anxiété appelé trouble de stress post-traumatique (TSPT). Ce genre de trouble est généralement causé par un « événement psychologiquement traumatisant », notamment le fait de voir une autre personne se faire blesser ou tuer[65]. Les symptômes de ce trouble peuvent se classer en trois catégories : « Dans le premier type, la personne revit l’événement […]. Le deuxième type […] consiste en l’évitement et l’insensibilité émotive. […] Le troisième type de symptômes touche le changement dans les habitudes de sommeil et l’éveil mental. [L’i]nsomnie est fréquemment un problème »[66].

 

Une étude a constaté qu’au moins 19 % des femmes qui ont subi des avortements éprouvaient un TSPT[67]. Une étude menée en 2007 sur la capacité des parents de surmonter l’interruption de grossesse pour motif d’anomalies du fœtus a constaté que 44 % des femmes éprouvaient les symptômes du TSPT et que 13,8 % des femmes ressentaient une forme de détresse psychologique[68].

 

Dysfonction sexuelle

 

Selon le Elliott Institute, les femmes qui ont subi des avortements peuvent éprouver « une perte de plaisir pendant les relations sexuelles, une répugnance pour la sexualité ou les hommes en général, ou se mettre à avoir des relations sexuelles au hasard[69] » [traduction] dans 30 % à 50 % des cas environ. Une étude de recherche menée en 2003 a constaté que 10 % à 20 % des femmes déclaraient avoir ressenti des effets négatifs dans leur relation de couple, leurs relations sexuelles et leur fonctionnement sexuel après un avortement provoqué[70].

 

Problèmes de sommeil

 

Les résultats récents de l’étude longitudinale nationale sur la santé des adolescents ont indiqué que les jeunes femmes qui avaient subi des avortements déclaraient un taux plus élevé de troubles du sommeil que les femmes qui n’avaient pas eu d’avortement. Selon le Elliott Institute, 36 % des femmes qui avaient subi des avortements éprouvaient des troubles du sommeil huit semaines après l’avortement[71]

 

Idées suicidaires

 

Un lien a été établi entre l’avortement provoqué et les idées suicidaires ou les tentatives de suicide. Une étude menée en Nouvelle-Zélande en 2006 a constaté que les adolescentes de 15 à 18 ans qui avaient subi un avortement avaient deux fois plus de chances d’avoir des idées suicidaires que les adolescentes du même âge qui n’avaient jamais été enceintes ou celles qui avaient été enceintes mais avaient choisi de ne pas avoir un avortement. Selon la même étude, les taux d’idées suicidaires étaient également plus élevés chez les femmes de 18 à 25 ans[72].

 

On a également constaté, dans une étude menée par des chercheurs finlandais, que les taux de suicide étaient plus élevés chez les femmes qui ont subi un avortement provoqué. Cette étude a utilisé des données recueillies à l’aide de plusieurs registres administratifs, y compris le registre des décès qui inclut tous les décès survenus dans la population finlandaise. Il a été constaté que 60 % des suicides ont été commis par les femmes qui avaient eu un avortement, comparativement aux femmes qui avaient été enceintes et ont donné naissance à leur bébé ou ont subi une fausse couche. Les taux de suicide étaient deux fois plus élevés chez les femmes qui avaient eu un avortement, quand on les compare uniquement aux femmes qui avaient été enceintes et avaient eu une fausse couche[73].

 

 

Références

 

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[13] Neubardt et al., p. 45.

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[20] Stubblefield et al., p. 175-178.

[21] Hern, p. 192.

[22] Stubblefield et al., p. 178.

[23] Hern, p. 201.

[24] Neubardt et al., p. 88-89, 94.

[25]Miller, B.F., et Keane, C.B. Encyclopedia and dictionary of medicine, nursing and allied health, 5th ed. W.B Saunders Company, 1992, p. 438.

[26] Hern, p. 181, 194-195.

[27] Stubblefield et al., p. 175.

[28]Rooney, B., et Calhoun, B. « Induced abortion and risk of later premature births ». Journal of American Physicians and Surgeons, été 2003, 8 (2), p. 47.

[29] Hern, p. 191.

[30] Neubardt et al., p. 49.

[31] Neubardt et al., p. 49.

[32] Neubardt et al., p. 83.

[33] Hern, p. 190.

[34] Stubblefield et al., p. 178-179.

[35] Stubblefield et al., p. 178.

[36] Hern, p. 193.

[37] Miller et al., p. 483-484.

[38] Hern, p. 138, 149, 182, 199.

[39] Stubblefield et al., p. 178-179.

[40] Hern, p. 35-38.

[41] Stubblefield et al., p. 174.

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[45] Ring-Cassidy, E. et Gentles, I. « Women’s Health after Abortion: The Medical and Psychological Evidence ». The deVeber Institute for Bioethics and Social Research: Toronto, Ontario, 2003, p. 86.

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[47] Ring-Cassidy et al., p. 65.

[48] Rooney et al., p. 46-47.

[49]Thorpe, J.M., Hartmann, K.E. et Shadigan, E. « Long-term physical and psychological health consequences of induced abortion: review of the evidence ». Obstetrical and Gynecologic Survey, 2002; 58(1), p. 70.

[50] Thorpe et al., p. 70.

[51] Miller et al., p. 1163-1164.

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